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philippe bono
Le rêveur éveillé
On peut croire en écoutant parler les sculptures de Bono qu'elles naissent de projets attentivement élaborés, de mécaniques intellectuelles longuement sollicitées et soupçonner ce créateur masqué de mettre en oeuvre les productions d'une intelligence appliquée à concevoir préalablement ses actes. Ainsi, l'artiste, préoccupé de construire un arbre, en définirait le profil, déterminerait son volume et les divers éléments matériels de sa composition qu'il rechercherait ensuite dans les lieux appropriés en vue de concrétiser l'étude préalable...
...Voilà bien le processus rationnel qui doit diriger une entreprise sérieuse comme il est raisonnable d'en attendre de la part d'un individu socialement normal. Mauvaise pioche ! Celui là fonctionne à rebours pour autant même qu'il fonctionne de quelque façon explicable avec les seules ressources du vocabulaire. Bono ne réfléchit pas, ne projette pas, ne suppute pas : il rêve. Sans répit. Son regard est le point de rencontre de pensées encore informulées et de la chose impromptue qui va leur donner corps. La disponibilité, la vacuité même, de l'esprit, laisse grand ouvert le champ de la découverte. La révélation survient alors dans cette juxtaposition de l'infini et de la forme. Tout cela d'une telle simplicité qu'elle échappe à l'entendement et que l'on cherche à lui donner raison d'être. Ce n'est pas expliquer qui aide à comprendre. Il s'agit d'émotions façonnées à l'ancienne. Avant le savoir.
Gérard Sendrey
Conseiller artistique du Musée de la Création Franche de Bègles (Gironde)
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