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Bernard Thomas-Roudeix
J'ai commencé la céramique une dizaine d'années après la peinture. Je crois qu'il y a un double aspect : le fait que ce qui m'a intéressé dans la terre, ce sont les multiples possibilités techniques, à travers le colombage ou le travail de la plaque ; et au niveau de l'inspiration. Le thème est le même que dans les peintures ; l'homme, dans ses difformités, ses handicaps, ses empêchements, etc.
Il y a eu un moment où mon désir consistait à retrouver dans la céramique ce que j'avais mis sur la toile. Il y a eu, d'ailleurs à un autre moment, un décalage, parce que les céramiques étaient davantage en rapport avec des peintures anciennes qu'avec celles que je réalisais simultanément. Je dirai que maintenant, peintures et sculptures vont de pair. Le travail de la terre m'inspire des choses qui ne sont pas forcément dans la peinture.
Et la peinture est souvent présente en amont pour m'amener à travailler la terre, l'émaillage, la couleur...
Certaines sculptures sont même directement inspirées d'une peinture. L'une d'elles, en particulier, partait du Portrait de Gabrielle d'Estrées. Il s'agissait de voir ce que je pouvais récupérer comme éléments et comme signes dans mon travail de peintre ; et comment les traduire en volumes. Il m'arrive beaucoup plus rarement de peindre à partir d'une sculpture.
Je crois qu'en céramique je me permets des choses que je ne me permettrais pas en peinture. Ou des choses que, pour des raisons diverses, je ne me permets plus aujourd'hui en peinture. La traduction en volume nécessite de passer de la seule face que l'on a en peinture, au dos que l'on doit aussi imaginer.
Extraits d'un entretien réalisé par J. Rivais au festival "Céramiques Insolites" de Saint-Galmier en mai 2005.
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